dimanche 1 août 2010

Le syndrome de Stockholm

Selon Wiki, "Le syndrome de Stockholm désigne la propension des otages partageant longtemps la vie de leurs geôliers à développer une empathie, voire une sympathie, ou une contagion émotionnelle avec ces derniers. Inversement, le syndrome peut s'appliquer aux ravisseurs, qui peuvent être influencés par le point de vue de l'otage. On parle dans ce cas du syndrome de Lima."

J'ai été enlevée hier soir... et je crois bien que nous avons fait un tour du monde de Stockholm à Lima...

Jardins du Palais Royal, 22h30. L'un des plus beaux lieux de Paris, avec ses éclairages élégants, et des guitares andalouses qui résonnent sous les arcades... quel meilleur moyen de reprendre pied avec la nuit parisienne, après une semaine de coupure radicale au milieu des champs?

G* et V* m'attendent, main dans la main, élégants, tout de noir vêtus...

Me voilà donc "enlevée" par eux pour une soirée pleine de surprises....

On aimerait s'installer sur les bancs du jardin, mais il est trop tard (note for self : set an earlier meeting hour, for next time...) le jardin ferme... Nous déambulons dans les rues, jusqu'à tomber, par hasard (vraiment?), dans une petite rue, sur une porte noire, encadrée de deux lanternes rouges et la mention "le Cupidon"... quelle flèche a donc piqué G* ?

La lanterne rouge est un symbole bien connu, mais pourquoi le retrouve-t-on à la fois en devanture des restaurants de sushis et des lieux de plaisir? l'excellent historien Michel Pastoureau, spécialiste de l'histoire des couleurs, nous dit ici

"(...) le jour du mariage, on revêt son plus beau vêtement et (...) une robe belle et riche est forcément rouge (c'est dans cette couleur que les teinturiers sont les plus performants). Dans ce domaine-là, on retrouve notre ambivalence : longtemps, les prostituées ont eu l'obligation de porter une pièce de vêtement rouge, pour que, dans la rue, les choses soient bien claires (pour la même raison, on mettra une lanterne rouge à la porte des maisons closes). Le rouge décrit les deux versants de l'amour : le divin et le péché de chair. "

Je suis curieuse... c'est la première fois que je mets les pieds dans un club libertin. Les explorations virtuelles que j'en ai fait sur le Net ne me donnaient pas très envie. Non pas par pudeur mal placée, mais plutôt à la fois en raison du public que je craignait d'y trouver (cinqua ou plus, vulgaire, monsieur ayant réussi à persuader madame, mais se rinçant les yeux ailleurs...) que pour la déco / musique qui semble typique de ce genre d'endroit (tubes remixés techno, éclairage de mariage provinciaux, oeuvres d'art très explicites et peu suggestives aux murs....). Mais en telle compagnie, si préoccupée de mon bien être et de mon plaisir, je sais que je n'ai rien à craindre et tout à découvrir.

Au moins, j'ai le bon dress code: tout en rouge du bout des ongles (vernis) au bout des escarpins (vernis), de la robe à la lingerie en dentelle rouge jusqu'aux lèvres. Ainsi, je suis assortie à la décoration du lieu, mais je ne compte pas faire tapisserie non plus....
Escalier étroit pour descendre au sous-sol (je ne comprends pas : les femmes doivent être en talons, et les clubs ont des escaliers étroits et peu pratiques??), chaise de gynécologie dans un recoin à droite, cave voûtée à gauche. La déco comme la musique sont telles qu'attendues : kitch ! Au moins, c'est un bon sujet d'amusement : G* m'explique très doctement que cela fait partie du folklore de ce type de lieu.

Autour de nous, une femme avec ses deux hommes, la main sagement posée sur les cuisses de ses partenaires, en face de nous, un homme, seul, qui nous regarde avec envie (enfin, j'imagine ;)), un autre couple à notre droite... rien de très tentant...

V* me fait donc faire la visite des lieux... quelques alcôves ambiance orientalo-africaines, une croix de Saint André "C'est rare de trouver dans les clubs une croix de Saint André qui fonctionne". Je frissonne... ça sera pour la prochaine fois peut être. Dans un coin, une "boite à trous" : on dirait un paravent de prestidigitateur... V* se cache à l'intérieur et G* nous rejoint.... Collé contre le paravent, il se fait déguster par sa chère et tendre, tout en m'embrassant.... Nous repartons à la découverte de nos corps, sa bouche, ma langue, nos mains.... Pourquoi donc la musique, si forte, ne permet pas d'entendre plutôt la musique des corps, le froissement des vêtements,  les soupirs, les bruits humides de la fellation, les mots du désir...

V* ressort de la boite magique, un sourire aux lèvres, et tous les deux me font découvrir la pièce qui a conditionné leur choix : un petite pièce fermée d'une porte, mais ouverte d'une fenêtre qui fut un jour miroir sans tain, me dit G*... peut être que les regards concupiscents ont fini par transformer le miroir en verre, par une mystérieuse alchimie...?

Porte refermée, le ballet des corps reprend de plus belle : après 1 semaine d'abstinence, quel plaisir de retrouver dans ma bouche une belle queue, de sentir sur moi des lèvres, des mains me caresser... quelle excitation aussi de voir G* pénétrer V*.... de lécher sur son sexe l'excitation de sa belle... pour le voir replonger de plus belle dans sa chair si blanche.... de faire quelques timides premières caresses à V*
Petit aparté : assister à ce moment d'intimité et d'érotisme était fabuleux et m'a conforté dans mon "appréciation" des films de cul. Ceux-ci réussissent à rendre totalement inintéressant un moment absolument magique : voir le gland s'enfoncer dans le sexe de sa partenaire, ressortir brillant d'excitation, voir les chairs frissonner de plaisir... ce qui est si beau en vrai semble si vulgaire (du latin vulgus, la foule, la masse, la généralité, le commun...)
Deux femmes sur le dos, le sexe offert, rieuses, qui voient du coin de l'oeil les voyeurs essayer de forcer la porte... le "pauvre" G* qui doit se décider à prendre l'une ou l'autre.... son sexe enfin en moi... caresses à 4 mains sur son corps.... jouissance....

La rançon n'ayant pas été payée (sic!) nous voilà dans un taxi direction le 19e arrondissement... Que Paris est belle la nuit, parée de lumière.... clin d'oeil à C*, mon "initiateur" de libertinage, en passant devant l'Opéra Garnier... conversation totalement mondaine autour des livres lus récemment, du temps qu'il fera à Nantes - il y pleut, selon Barbara, mais pas selon Météo France - arrivée chez G*.
Ce qui m'étonne et me ravit le plus chez ces personnes que m'a présenté C*, c'est ce mélange absolument détonnant, pour moi en tout cas, de sensualité, de culture, et d'humour... Je ne m'y attendais pas, même si c'est exactement ce que j'espérai... quelle chance j'ai d'être si bien entourée....
Tiens, bruit de sonnette à minuit... un troisième ravisseur se présente et la conversation repart de plus belle sur les lieux de balade et de sortie à Berlin... puis, sans transition, comme on dit, les langues se délient et les mots disparaissent : on m'a toujours appris à ne pas parler la bouche pleine ! deux couples qui se caressent, baisent, s'embrassent, lèchent, sucent, côte à côte sur un grand lit... plaisir de la chair et plaisir des yeux... que V* est belle, sa peau si blanche, ses seins lourds, son corps tout en courbes... plaisir de la conversation aussi entre deux assauts et trois caresses.... 

4heures du matin... que le temps passe vite en bonne compagnie ! jamais voyage de Stockholm à Lima n'a dû paraître si court...

Merci à vous 3....
Petit mot spécial à l'attention de V* : je te parlais des Bijoux de Baudelaire, et en relisant ce poème, je ne peux m'empêcher de penser à toi... à bientôt...

La très-chère était nue, et, connaissant mon cœur,
Elle n'avait gardé que ses bijoux sonores,
Dont le riche attirail lui donnait l'air vainqueur
Qu'ont dans leurs jours heureux les esclaves des Mores.


Quand il jette en dansant son bruit vif et moqueur,
Ce monde rayonnant de métal et de pierre
Me ravit en extase, et j'aime à la fureur
Les choses où le son se mêle à la lumière.

Elle était donc couchée et se laissait aimer,
Et du haut du divan elle souriait d'aise
À mon amour profond et doux comme la mer,
Qui vers elle montait comme vers sa falaise.


Les yeux fixés sur moi comme un tigre dompté,
D'un air vague et rêveur elle essayait des poses,
Et la candeur unie à la lubricité
Donnait un charme neuf à ses métamorphoses ;

Et son bras et sa jambe, et sa cuisse et ses reins,
Polis comme de l'huile, onduleux comme un cygne,
Passaient devant mes yeux clairvoyants et sereins ;
Et son ventre et ses seins, ces grappes de ma vigne,


S'avançaient, plus câlins que les Anges du mal,
Pour troubler le repos où mon âme était mise,
Et pour la déranger du rocher de cristal
Où, calme et solitaire, elle s'était assise.


Je croyais voir unis par un nouveau dessin
Les hanches de l'Antiope au buste d'un imberbe,
Tant sa taille faisait ressortir son bassin.
Sur ce teint fauve et brun le fard était superbe !


– Et la lampe s'étant résignée à mourir,
Comme le foyer seul illuminait la chambre,
Chaque fois qu'il poussait un flamboyant soupir,
Il inondait de sang cette peau couleur d'ambre !


Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal

4 commentaires:

  1. Tiens, je reconnais là le club de mon premier trio ... Heureux de voir que vous vous épanouissez dans le libertinage.

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  2. Voyage dans les dédales libertins... l'initiation vous inspire? ;-)

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  3. @ M. Chapeau : oui, j'ai la chance d'être très bien entourée :)

    @ Flow : vivre (enfin) des fantasmes longtemps refoulés est en effet une source d'inspiration fantastique... et il m'en reste heureusement quelques uns ;)

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  4. hmmmm, vous m'intriguez là.... surement le "enfin" ou le "refoulés"...voire même les deux ;-)

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